vendredi 31 janvier 2014

De l'arbitrage court terme long terme

La question de l'arbitrage court terme / long terme est récurrente dans la vie des affaires. Elle est inhérente à la société par actions  comme l'illustre cette anecdote tirée de l'histoire de la Compagnie des Indes au début du 18ème siècle:

Les étroits financiers qui dirigeaient à Paris les spéculations de la Compagnie des Indes, ne furent frappés que des dépenses du premier établissement. Ils les trouvaient ruineuses ; ils reprochaient au gouverneur de ne pas assez prendre soin de leurs dividendes et de trop sacrifier le présent à l'avenir. La Bourdonnais fut obligé de se justifier. On alla même jusqu'à l'accuser d'administrer beaucoup plus pour son intérêt personnel que pour celui de la Compagnie. Un des directeurs ne craignit pas de lui demander un jour comment, ayant si bien fait ses propres affaires, il avait si mal conduit celles de la Compagnie. Il répondit fièrement à cette outrageante question : « C'est que j'ai fait mes affaires selon mes lumières, et celles de la Compagnie d'après vos instructions » (Bescherelle, 1800).


Cet arbitrage court terme/long terme n'est qu'un exemple de conflit d'agence mis en exergue encore plus tôt par Adam Smith dans la richesse des nations  : « les dirigeants de ces sortes de compagnie (société par actions) étant les régisseurs de l’argent d’autrui plutôt que de leur propre argent, on ne peut guère s’attendre qu’ils y apportent cette vigilance exacte et soucieuse que les associés d’une société apportent souvent dans le maniement de leurs fonds. »
 

Bibliographie

Bescherelle (1800), Histoire des marins illustres de la France, Eugène Ardant et Cie, Limoges.
Smith (1776), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.