Nous ne développerons pas ici les implications managériales du TDABC. Kaplan et Anderson (2007) fournissent des illustrations qui ont pour principal attrait de rappeler l’intérêt de disposer d’une méthode fine d’évaluation des coûts avec des moyens raisonnables. A titre d’exemple, les promoteurs de la méthode UVA développent un argumentaire comparable, même si chaque méthode propose à la marge des indicateurs particuliers liés à sa spécificité. Dans le cas du TDABC, il s’agit principalement de l’évaluation du coût de la sous-activité. Ainsi Kaplan et Anderson (2004) citent-ils le cas d’une entreprise qui était en voie de construire une usine pour faire face à de nouvelles commandes. Le projet a été abandonné, le TDABC ayant permis d’identifier d’importantes capacités inutilisées sur un autre site. Ces apports ne peuvent pas être considérés comme spécifiques au TDABC, les mêmes remarques auraient pu être formulées pour d’autres méthodes d’évaluation de coûts complets. Par contre, il convient de mettre en exergue les apports propres au TDABC, en particulier les solutions qu’il représente face à certaines des difficultés soulevées par la mise en place et l’utilisation de l’ABC traditionnel : (1) le TDABC est un modèle moins complexe (2) dont l’actualisation est facilitée et (3) réduisant les erreurs dans l’évaluation des coûts.
Un modèle moins complexe
Alors que l’ABC repose sur le « principe » de la décomposition de l’organisation en activités les plus fines possibles, la notion de « groupe de ressources » permet de simplifier le système en agrégeant toutes les activités réalisées avec les mêmes ressources sans que leur consommation soit nécessairement homogène. Le nombre plus faible d’unités d’analyse facilite le processus de répartition des ressources, sans pour autant réduire la précision des coûts. Les équations de temps facilitent la modélisation de processus complexes en utilisant des données généralement disponibles dans le système d’information. Enfin l’utilisation de standards, plutôt que d’informations réelles permet de limiter l’effort de collecte de données, même si des procédures de vérification des standards doivent être développées.
Une actualisation du modèle facilitée
Les vérifications de standards évoquées supra peuvent aisément être prises en compte pour mettre à jour les équations de temps. Lorsqu’une nouvelle activité est réalisée au moyen d’un groupe de ressources existant, il n’est désormais plus nécessaire de se plier au processus fastidieux d’affectation des ressources aux activités. Il suffit de déterminer le temps unitaire standard nécessaire à son exécution pour ajouter un terme à l’équation de temps ou la mettre à jour. Pour reprendre l’exemple d’une activité de relance évoquée au paragraphe 1.2., si le temps unitaire est évalué à 20 minutes l’équation de temps qui était :
Temps de traitement d’une commande = 18 + 80 X1 + 110 X1 × X2
deviendra :
Temps de traitement d’une commande = 18 + 80 X1 + 110 X1 × X2 + 20 X3
X3 désignant le nombre de relances réalisées pour la commande considérée. Avec le TDABC des règles de maintenance peuvent être développées et appliquées avec des moyens raisonnables au travers du suivi de la validité des standards et de l’adaptation du modèle aux évolutions de l’organisation.
Une réduction de certaines erreurs dans l’évaluation des coûts
Pour mémoire, voici une adaptation des différentes erreurs décrites par Srikant Datar et Mahendra Gupta (1994) :
Le TDABC permet d’atténuer l’erreur de mesure par la réduction du nombre d’unités d’analyse, les activités étant agrégées en groupes de ressources. La mesure du temps en minutes (ou en heures) d’une activité spécifique établie comme une fonction de différentes variables (inducteurs de temps) réduit également ces erreurs de mesure. L’expérience montre que l’estimation du temps nécessaire pour réaliser une tâche est beaucoup plus aisée que l’estimation du temps global affecté à la totalité de cette tâche. De plus, les pourcentages globaux ne permettent pas de prendre en considération d’éventuelles variations des répartitions d’une période à l’autre ; il s’agit uniquement d’une valeur moyenne. Enfin, sans entrer dans les détails, les équations de temps semblent être une solution intéressante pour maîtriser les erreurs de spécification et d’agrégation.
Type d’erreur
|
Description
|
Mesure
|
Elle résulte de la difficulté pratique d’identifier les coûts d’une activité ou de mesurer les unités de ressources consommées par les objets de coûts. Elles correspondent soit à une erreur de saisie dans les comptes (tel montant de charges est attribué par erreur au compte B plutôt qu’au compte A), soit à une erreur sur l’estimation du niveau de l’inducteur (exemple : une secrétaire estime qu’elle passe 20% de son temps à accueillir la clientèle alors, qu’en réalité, elle y consacre 40%).
|
Spécification
|
Elle provient de l’oubli d’un inducteur, de l’emploi d’un mauvais inducteur ou du recours à une relation fausse entre le coût de l’activité et son inducteur.
|
Agrégation
|
Elle se produit quand le coût agrège des ressources qui sont consommées par les objets de coûts dans des proportions différentes (problème de l’homogénéité du coût).
|
Imputation des charges fixes
|
Elle survient lors d’une sous-utilisation des capacités productives.
|
Le TDABC permet d’atténuer l’erreur de mesure par la réduction du nombre d’unités d’analyse, les activités étant agrégées en groupes de ressources. La mesure du temps en minutes (ou en heures) d’une activité spécifique établie comme une fonction de différentes variables (inducteurs de temps) réduit également ces erreurs de mesure. L’expérience montre que l’estimation du temps nécessaire pour réaliser une tâche est beaucoup plus aisée que l’estimation du temps global affecté à la totalité de cette tâche. De plus, les pourcentages globaux ne permettent pas de prendre en considération d’éventuelles variations des répartitions d’une période à l’autre ; il s’agit uniquement d’une valeur moyenne. Enfin, sans entrer dans les détails, les équations de temps semblent être une solution intéressante pour maîtriser les erreurs de spécification et d’agrégation.
Pour conclure, le modèle Time-Driven ABC est un système d’évaluation des coûts plus simple à mettre en place et à maintenir, précis, saisissant la complexité d’une entreprise et tenant compte de l’utilisation des capacités.
Bibliographie
Datar, S., & Gupta, M. (1994). Aggregation, Specification and Measurement Errors in Product Costing. Accounting Review , 69 (4), 567-591.
Kaplan, R. S., & Anderson, S. R. (2004). Time-Driven Activity-Based Costing. Harvard Business Review , 131-138.
Kaplan, R. S., & Anderson, S. R. (2007). Time-Driven Activity-Based Costing : A Simpler and More Powerful Path to Higher Profits. Harvard Business School Press.