Si l’éthique est peu présente dans les manuels français
de contrôle de gestion, cela ne signifie pas que l’éthique est absente du
contrôle de gestion. C’est l’actualité, et plus particulièrement les questions
suscitées par les importantes rémunérations des traders, qui incite à évoquer
la question de l’éthique des systèmes d’incitation (Berland & De Rongé, 2010, p. 441).
La réflexion la plus aboutie est celle d’Annick Bourguignon (Bourguignon, 2008) ; bien que trop dure avec les
collègues de la discipline, Annick Bourguignon pose la question de l’évitement
du piège éthique que représente la formation au contrôle de gestion.
Très utilitaristes, Kenneth Merchant et Wim
Van der Stede (2007, p. 553)
précisent que l’encouragement de comportements éthique peut se substituer à des
contrôle opérationnel ou par les résultats. Ils illustrent
l’importance des questions éthiques dans le domaine du contrôle par quatre
situations:
- la constitution de matelas budgétaires ;
- la gestion des résultats ;
- les réactions face aux indicateurs inappropriés ;
- et les limites des technologies du contrôle.
Pour chacune de ces situations, ils proposent des
questions afin de déterminer la démarche à tenir. Notons que ces auteurs
mettent résolument de côté les interrogations sur les fondements du contrôle de
gestion qui vise à conditionner (empowerment) les managers à prendre des
décisions dans la seule perspective économique. Il s’agit justement de la
critique centrale formulée par Annick Bourguignon.
Le courant de l’éthique des affaires fournit un premier cadre
de réflexion. Ainsi le National Business Ethics Survey identifie-t-il six
outils principaux :
- le code de conduite formalisé ;
- des formations ;
- des mécanismes d’information et de conseil ;
- un outil de révélation anonyme des fraudes (très anglo-saxon) ;
- la sanction des employés qui ne respectent pas les normes ;
- une évaluation des salariés incluant la dimension éthique.
Dans le domaine particulier du contrôle, les travaux du
Cima (Chartered Institute of Management Accountants) s’inscrivent dans cette
perspective au travers de son code éthique, de ses modules de formation…
Le peu de place accordée aux questions éthiques dans le
contrôle de gestion, au moins en France, ne révèle-t-elle pas la jeunesse de la
discipline ? La richesse des réflexions consacrées à l’éthique de l’ingénieur
est à ce titre édifiante, avec toutes les limites que nous connaissons (e.g. le logiciel truqueur de Volkswagen).
Références
Berland, N., & De Rongé, Y. (2010). Contrôle de gestion -
Perspectives stratégiques et managériales. Paris: Pearson Education
France.
Bourguignon, A. (2008). Enseigner le contrôle de gestion :
un piège éthique ? Approches critiques : Quelles conséquences pour la
formation des managers ? Lyon.
Merchant, K. A., & Van der
Stede, W. A. (2007). Management Control Systems - Second Edition. Prentice Hall.