dimanche 3 juillet 2016

Quel avenir pour les sciences de gestion?


Afficher l'image d'origine 

Jean-Philippe Denis plaide depuis plusieurs années déjà pour une plus grande présence des sciences de gestion dans le débat public en s'appuyant sur le cas de l'affaire Société Générale/Kerviel. Les évolutions de l'affaire et les prises de position a priori originales mais finalement adoptées par les juges semblent lui donner raison. Les gestionnaires sont pourtant toujours absents du débat public et probablement pour longtemps.

La perspective disciplinaire des sciences de gestion

Émanation des sciences économiques, les sciences de gestion sont souvent définies par leur contenu : comptabilité, finance, stratégie, ressources humaines, marketing, stratégie, systèmes d'information... Rien ne laisse présager le déclin de ces disciplines ; l'amélioration de l'information financière, la motivation des équipes... sont des questions qui semblent inépuisables. Cette perspective disciplinaire manque néanmoins de hauteur.

Les sciences de gestion, science des organisations

Par contre, considérer que la gestion est l'étude des organisations est sensiblement plus inquiétant.
Si Société Générale constitue un beau cas, qu'en est-il des leaders de demain? Google, Facebook avec leurs milliers de salariés ne semblent pas se différencier fondamentalement. Alors pourquoi s'inquiéter?

Uber, AirBnB, Alibaba... créent une réelle incertitude pour la discipline ; ces organisations sont omniprésentes mais emploient peu de salariés et ne détiennent pas d'actifs physiques. Étudier de telles organisations n'est pas inintéressant mais cela ne constitue qu'une partie modeste du sujet. Il est nécessaire de sortir des frontières floues de l'organisation pour s'interroger sur la structuration des marché, les relations avec les partenaires (économie industrielle), le renouvellement des relations d'emploi (droit et sociologie)... qui représentent les véritables enjeux associés à ces organisations.

Quelles perspectives pour les sciences de gestion?

Si les évaluations fondées sur des classements de revues hyper-spécialisées n'incitent manifestement pas le chercheur en gestion à se pencher sur les vraies questions trop rapidement regroupées sous l'expression uberisation de l'économie, les incitations des tutelles pour développer les collaborations transdisciplinaires trouve ici une indiscutable justification. Il faut, pour une fois, le reconnaître.