lundi 4 février 2013

Les méthodes fondées sur les équivalences

Les méthodes d’équivalence n’ont qu’une seule finalité : la simplification de l’évaluation des coûts. Les autres modèles (ABC, centres d’analyse…) peuvent sembler simples mais leur mise en œuvre est souvent délicate.

Ainsi, pour l’ABC, la simplicité du modèle (les ressources sont consommées par les activités qui sont consommées par les objets de coûts) peut-elle être opposée aux difficultés d’opérationnalisation :
  • il faut affecter les charges aux nombreuses activités. Pour les frais de personnel, en particulier, cela nécessite de lourdes démarches d’entretien ; 
  • il faut également collecter de nombreuses informations relatives au nombre d’inducteurs consommés par les objets de coûts.

Nous y reviendrons dans d'autres billets.

Le principe des méthodes d’équivalence est le suivant. L’évaluation des coûts d’une entreprise qui ne fabrique qu’un seul produit est simple, il suffit de diviser la totalité de ses coûts par la quantité du produit unique fabriquée. Pour mettre en pratique ce principe, il faut identifier un produit de référence et exprimer la production de l’entreprise en « équivalents produit de référence ». Enfin, le coût du produit de référence est obtenu en divisant le total des coûts par le nombre d’« équivalents produit de référence » fabriqués.

L’exemple suivant illustre le principe des méthodes d’équivalence :
Produit
Quantités produites
Coûts directs
Coûts indirects
Coefficients d’équivalence
A
100
1 000

1
B
150
900
2 275
0,8
C
70
1 400

1,5

Total
3 300
2 275

Exemple d’application de la méthode des équivalences (1)

Cette entreprise fabrique 3 produits A, B et C. La question posée est : comment affecter les 2 275 euros de coûts indirects aux produits ? Pour cela, les « coefficients d’équivalence » vont être utilisés. Le produit A ayant un coefficient de 1, cela signifie qu’il est considéré comme le « produit de référence ». Le coefficient 0,8 du produit B signifie qu’il consomme par unité produite 80% des coûts indirects consommés par le produit de référence, c’est-à-dire par le produit A. Enfin, le produit C consomme 50% des coûts indirects de plus qu’un produit A (ou 150% des coûts indirects consommés par un produit A).

A partir de ces informations il est possible de déterminer la production de la période en « équivalents produit de référence » :
Produit
Production
(1)
Coefficients d'équivalence (2)
Total
(1)*(2)
A
100
1
100
B
150
0,8
120
C
70
1,5
105


Total
325
Exemple d’application de la méthode des équivalences (2)

Ainsi 150 produits B sont-ils considérés comme équivalents à 120 produits A (en termes de consommations de coûts indirects). La production de l’entreprise peut donc être estimées à 325 « équivalents produit A ». Cette information permet de déterminer la consommation de coûts indirects par produit de référence :
2 275 / 325 = 7 euros

On peut alors en déduire la consommation de coûts indirects de chacun des produits fabriqués par l’entreprise :

Produit
Coefficients d'équivalence
(1)
Charges indirectes unitaires
(1)*7 euros
A
1
7,00
B
0,8
5,60
C
1,5
10,50
Exemple d’application de la méthode des équivalences (3)

Enfin, les coûts complets sont déterminés :
Produit
Production


(1)
Coûts
directs

(2)
Coûts directs unitaires
(3)=(2)/(1)
Coûts indirects totaux
(4)=(1)*(5)
Coûts indirects unitaires
(5)
Coût complet unitaire
(6)=(3)+(5)
Coût total

(1)*(6)
A
100
1 000
10
700
7,00
17,00
1 700
B
150
900
6
840
5,60
11,60
1 740
C
70
1 400
20
735
10,50
30,50
2 135






Total
5 575
Exemple d’application de la méthode des équivalences (4)

Tous les coûts directs et indirects sont bien affectés aux trois produits comme l’illustre la dernière colonne de ce tableau (5.575=3.300+2.275).

Cette méthode propose donc une solution pour répartir les coûts indirects entre les produits. Elle présente de nombreux intérêts : il n’est pas nécessaire d’imputer les coûts indirectes à une activité ou à un centre d’analyse, ni de collecter des informations relatives au nombre d’unités d’œuvre ou d’inducteurs consommés pour chacun des produits fabriqués. La principale question posée par cet exemple est l’évaluation des coefficients d’équivalence ; cette question sera développée dans d’autres billets, même si des démarches très simples peuvent se révéler pertinentes. Des coefficients d’équivalence pourront, dans des activités de service, être établis sur la base des temps nécessaires à leur exécution.

Pour plus de détails sur les méthodes d’équivalences, on pourra utilement se référer à l’ouvrage de Michel Gervais (2010) et à toute la littérature consacrée à la méthode UVA.

Bibliographie

Gervais, M. (2010). La comptabilité de gestion par les méthodes d'équivalence. Paris: Economica.